Lormont
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Pour accoucher nature, les maisons de naissance font des petits
Le 03/04/2014
Une voie existe entre lâaccouchement médicalisé à lâhôpital et la naissance très (trop ?) nature à domicile : les maisons de naissance. La maison Arc-en-Ciel, à Lormont, est lâune des trois qui fonctionnent actuellement en France. La Haute autorité de la santé discute ce jeudi de nouvelles expérimentations. Un bébé quand je veux, certes. Mais où je veux⦠Câest une autre histoire. Entre lâaccouchement à domicile, naturel mais potentiellement risqué en cas de complications, et les naissances médicalisées en maternité, il existe une troisième voie : les maisons de naissance. Contrairement à lâAllemagne, la Belgique, la Suisse, le Canada ou la Grande-Bretagne, le modèle est peu commun en France. Seules trois structures se sont développées, dont la maison Arc-en-Ciel située à Lormont. Mais elles pourraient faire des petits : ce jeudi, tous les acteurs de la naissance (professionnels, associationsâ¦) se réunissent à la Haute autorité de santé (HAS) afin de définir un cahier des charges. Ce devrait être le point de départ dâune expérimentation qui en cinq ans, pourrait donner naissance à une dizaine de projets. Enfin, car le sujet est sur la table depuis 13 ans⦠« On en parle depuis 2000, on a même travaillé un an et demi sur le sujet avec le ministère de la Santé et puis tout sâest arrêté », indique Isabelle Noël, responsable de la maison Arc-en-Ciel, à Lormont. 200 accouchements à la maison Arc-en-Ciel Mais cette fois-ci, la sage-femme ne craint pas un retour en arrière car le contexte a changé. Deux cents femmes ont accouché à la maison Arc-en-Ciel, créée en 2010, et au moins autant à Pontoise et à Paris, dans les deux autres maisons de naissance françaises étroitement liées à des maternités. Elles vont bien, leurs enfants aussi et elles sont prêtes à recommencer. Isabelle Noël a « inventé un fonctionnement », une sorte de prototype de maison de naissance quâelle souhaite dupliquer ailleurs en France. La maison Arc-en-ciel est une structure gérée par des sages-femmes libérales au sein de la polyclinique Bordeaux Rive-droite. Elles y pratiquent lâaccompagnement global, à savoir un suivi des parents par la même sage-femme du 6e mois de grossesse au premier mois de lâenfant, lâaccouchement physiologique sans médicament, ni intervention chirurgicale non justifiée selon un protocole quâelles ont défini. Et bien sûr sans péridurale. Mais seule une porte sépare la maison Arc-en-Ciel des blocs obstétricaux, en cas de pépin. Les liens quâune sage-femme tisse avec sa patiente confortent leur sentiment de sécurité. Elles sont disponibles 24h sur 24 pour répondre aux questions ou aux doutes des futures et des jeunes mamans. « La sécurité affective est importante, les femmes sont préparées à ce qui va se passer, on leur donne tous les outils pour gérer au mieux. » Câest exactement ce quâa ressenti Magali, à la naissance de Sasha en septembre 2012 dans la maison de naissance.> « Je suis anxieuse de nature et jâattendais le moment où jâallais stresser⦠Il nâest jamais arrivé. Tout sâest passé naturellement sans épisiotomie, sans déchirure. » Amélie, maman dâune petite Taïli de deux mois et demi, sait que dans un cadre « normal » sa fille aurait été sortie à lâaide de forceps. « Le bébé était mal positionné, la sage-femme mâa aidée, tout sâest passé dans le calme, jâavais totalement confiance en elle, je savais quâelle ferait au mieux pour nous. » La manipulation effectuée, la sage-femme est retournée à son tricot et Amélie à son travail. Les deux jeunes mères reconnaissent que la proximité des blocs obstétricaux était rassurante. Câest dâailleurs la condition sine qua non à la mise en place de lâexpérimentation nationale. « Les sage-femmes prennent de plus en plus de risques » Malgré les protocoles très stricts qui guident les activités des maisons de naissance â de la conduite du bain jusquâà lâalimentation des mères en travail â, le pari nâest pas gagné : la méfiance des obstétriciens reste en effet de mise. « Le médecin de garde va être appelé par une sage-femme dépassée, craint Jean-Pierre Laplace, représentant aquitain du syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof). On fait des progrès dans la gestion du risque et on va nous mettre face à un problème car les sages-femmes prennent de plus en plus de risques et nous, on nâest pas des cow-boys. » Une pensée que formule clairement le syndicat sur son site estimant que « les maisons de naissance tournent le dos aux mesures de sécurité ». Des propos qui déclenchent lâire des plus sages des sages-femmes : « Il y a une heure dâentretien avant dâaccepter une patiente à la maison de naissance, précise Isabelle Noël. Nous refusons les femmes qui ont du diabète, une grossesse gémellaire, un bébé en siège ou des antécédents de césarienne, de cancer ou dâhémorragie⦠Et nous prévenons nos patientes quâelles peuvent être réorientées à tout moment vers un obstétricien pendant la grossesse. Nous engageons notre responsabilité », sâinsurge-t-elle. Ainsi, 30% des femmes qui accouchent à la maison Arc-en-Ciel sont transférées vers le bloc. Opposé à ce type de structure au sein de la clinique Bordeaux Nord, dans laquelle il exerce, le docteur Laplace reconnaît tout de même que : « Moins il y a de gestes médicaux, moins il y a de complications. Les études nous ont également poussés vers la démédicalisation : plus la péridurale est retardée, meilleur est le travail, la déambulation facilite la naissance et la position verticale entraîne moins de dégâts sur le périnée. » Pour lâépisiotomie, câest la même chose, elles sont passée de 70% il y a vingt ans à 30% aujourdâhui. Un changement de position (colossal) rassurant pour les futures mères qui ont envie de devenir actrices des leur accouchement. Cela a donné lieu à la clinique Bordeaux Nord â 2925 naissances en 2013 â à la création dâune salle nature, destinée au travail, équipée de ballons, de lianes et dâune baignoire et mise à disposition des mères qui veulent repousser la péridurale, voire ne pas la prendre du tout. « Elle est peu demandée, ironise toutefois lâobstétricien, cinq ou six fois par mois peut-être. Il y a une différence entre les demandes et la réalité⦠» Une situation quelque peu sous-estimée car selon la clinique, plus dâun tiers des femmes suivies formulent le souhait dâavoir un accouchement physiologique (avec un ou sans passage par la salle nature) et 27% « tiennent » jusquâau bout sans péridurale. Lire la suite de l'article original... La maison Arc-en-Ciel à Lormont
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